Les économistes s’accordent sur le fait que l’Afrique contemporaine porte en elle un potentiel économique important. Le dynamisme de sa démographie fera d’elle dans « trente-cinq ans le quart de la population mondiale » ; l’un des plus grands marchés. Ceci explique l’engouement que lui témoigne le reste du monde depuis ces dernières décennies. L’un des défis donc fera face les populations africaines sera de surmonter les multiples traumatismes (traites négrières,
colonisation, dictature, néocolonialisme…) donc elles ont fait l’objet. Ceci afin de dialoguer avec le reste du monde sans complexe.
L’Afrique se doit d’être résiliente car « sa seule urgence est d’être à la hauteur de ses potentialités » comme l’écrit l’économiste et écrivain sénégalais Felwine SARR dans AFROTOPIA, éditions Philippe REY.
Cette transformation, cette métamorphose de l’Africain, lui permettra de profiter de l’intérêt suscité par son continent. Cette résilience lui sera aussi utile pour contribuer avec ses propres armes à cette civilisation contemporaine globalisée.
La série photo «I’m not a slave, but I’m…» interroge cette résilience en s’appuyant sur un inventaire non exhaustif d’événements traumatisants tels que les traites négrières (transatlantique et arabo-musulmane), la colonisation donc certaines archives restent encore classifiées par les puissances esclavagistes et coloniales. La question posée ici est de savoir si nous pouvons être cet « homme nouveau », si nous ne connaissons pas toute la vérité liée à la mémoire qui doit motiver notre résilience?
Comment atteindre cette transformation tant souhaitée de l’Afrique si on voile un pan de son histoire aux Africains ? C’est le cas de la traite arabo-musulmane. On relève son existence en 666 dans le bassin du Lac Tchad (VIIème S ap. JC) selon Jacques GIRI dans Histoire économique du sahel aux éditions KHARTALA. Ce commerce effectué par les Arabes, plus ancien que la traite transatlantique, demeure un sujet peu évoqué en Afrique.
J’aborde ce sujet dans la série « I’m not a slave, but I’m… » en m’appuyant sur des lieux ayant un rapport symbolique avec la religion musulmane sur l'île de Gorée. On a la grande mosquée de l’île de Gorée qui a été lors de la traite négrière probablement une maison d’esclaves (esclaverie). Les fresques sur les murs de l’île reprenant le visage de marabouts musulmans.
Au-delà de la traite arabo-musulmane, nous avons la colonisation. J’ai investi les lieux historiques tels que la chambre à canon sur le castel de l’île construite pendant la période coloniale, les ruines du palais du gouverneur et les résidences des signares (femmes issues du métissage et jouissant d’un statut avantageux lors de la traite négrière)
Les photos ont en commun la présence d’un personnage féminin aux allures de spectre qui se balade entre le premier et le second plan. Cette dernière représente cette Afrique contemporaine qui fait le voyage dans le passé à la recherche de la vérité sur sa mémoire afin de commencer le processus de résilience de retour au présent. Cette mémoire qui peine à se former intégralement. Mémoire dans laquelle coexistent le flou et le net, la vérité et le mensonge, le fort et le faible. Cette résilience par la vérité absolue qui va ’émanciper l’Afrique et la libérer « […] des sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi» comme le mentionne Felwine SARR dans AFROTOPIA.
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