L’Afrique doit être résiliente car «sa seule urgence est de réaliser son potentiel», écrit par l’économiste et écrivain sénégalais Felwine Sarr dans AFROTOPIA, aux éditions Philippe REY.
Cette transformation, cette métamorphose tant attendue de l’Afrique, lui permettront de tirer parti de l’intérêt généré par son continent.
La série « I’m not a slave, but I’m...» remet en question cette résilience en s’appuyant sur un inventaire non exhaustif d’événements traumatisants tels que la traite négrière (transatlantique et arabo-musulmane), la colonisation, ainsi que certaines archives encore classées sur l’esclavage par les puissances coloniales. La question ici est de savoir si nous pouvons être résilients si nous ne connaissons pas toute la vérité de la mémoire qui doit motiver notre résilience, notre transformation.
C’est le cas de la traite négrière arabo-musulmane. Ce commerce des Arabes, plus ancien que le commerce transatlantique, reste un sujet rarement mentionné en Afrique. J’évoque ce sujet dans « I’m not a slave, but I’m...» en me basant sur des lieux ayant un lien symbolique avec la religion musulmane. Nous avons la grande mosquée de l’île de Gorée qui était pendant le commerce des esclaves une maison d’esclaves. Les fresques sur les murs de l’île reprenant le visage des marabouts musulmans.
Au-delà de la traite des esclaves arabo-musulmans, nous avons la colonisation. On prétend qu’il a mis fin à l’esclavage transatlantique. J’ai investi dans des lieux historiques tels que la chambre des canons du château construit sur l’île pendant la période coloniale, les ruines du palais du gouverneur et les résidences de signares (femmes issues du métissage et jouissant d’un statut avantageux lors de la traite des esclaves).
Les photos ont en commun la présence d’un personnage féminin comme un spectre qui se promène entre le premier et le second plan de la photo. Le personnage représente cette Afrique contemporaine qui voyage dans le passé à la recherche de
la vérité sur sa mémoire afin de commencer le processus de résilience après son retour au présent. Mémoire dans laquelle le flou
et le net coexistent, la vérité et le mensonge, le fort et le faible. Cette résilience par la vérité absolue qui “émancipera et libérera
l’Afrique [...] des sentiers qui lui sont indiqués, mais marchera libre sur le sentier qu’elle se sera choisi” comme le mentionnait
Felwine Sarr dans AFROTOPIA.
Le projet comporte 23 photographies et 2 vidéos d’art.
La vidéo de la performance est disponible à cette adresse:
https://youtu.be/oYaRaet_5nA